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Ouatagouna : les électeurs menacés de mort

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A Ouatagouna, dans le cercle d’Ansongo, les populations ont été sommées par des hommes armés de ne pas voter le 29 mars prochain pour l’élection des députés. Les contrevenants risquent la mort.

Les élections législatives sont initialement prévues pour le 29 mars. Mais dans plusieurs localités l’incertitude plane sur le processus. En cause: l’insécurité et l’absence de l’Etat dans ces zones. Quelques semaines avant le jour J du scrutin, à Ouatagouna dans le cercle d’Ansongo, les groupes terroristes ont passé un message il y a quelques semaines. Pas d’élection. Avec à la clé une menace de mort. Laquelle est prise très au sérieux par les populations.

«Nous n’allons pas risquer nos vies pour aller voter sans la présence permanente de l’armée pour nous sécuriser », prévient clairement le président de la Coalition des ressortissants de Ouatagouna, Youssouf Yehiya joint par LeJalon ce mardi.

Dans la même zone, notre interlocuteur rappelle qu’en début février « ils ont assassiné le 1er conseiller du chef de village de Ouatagouna et le directeur d’école de la localité ». Une scène illustrative pour lui de la dégradation de la sécurité sur laquelle les autorités régionales ont été interpellées en vain. Bien avant ces assassinats, affirme M. Yehiya, les différentes communautés ont alerté le pouvoir sur la situation. C’était en novembre dernier. Depuis, regrette-t-il, aucune mesure de sécurisation de la population n’a été prise.

Conséquence : la localité s’est vidée de certains de ses habitants et des autorités locales. Les responsables administratif, politique ou coutumier ont abandonné la zone pour aller soit à Gao, Ansongo ou au Niger. « Pour eux, c’est la seule alternative pour échapper au diktat de ces groupes armés », commente notre interlocuteur.

Dans ce contexte avec les annonces de représailles contre les individus qui vont voter le 29 mars, l’ensemble de la population de la communauté a tenu une assemblée générale le 11 mars dernier à Gao. « Les 5 villages et 16 fractions étaient tous représentés. A l’issue de cette rencontre, la Coalition a décidé de poser ses conditions de participation à ce scrutin. Et nous avons informé le préfet d’Ansongo de la nouvelle, à travers une lettre d’information », rappelle le président.

Dans sa correspondance dont nous avons copie, la Coalition indique que le moment n’est pas opportun à la tenue de ces élections. Le motif : « les populations ont été mises en garde par les occupants ( les nouveaux maîtres) ou les nouvelles autorités de ne pas participer à ces élections à venir au risque de leur vie ».

La coalition exige le retour immédiat et permanent du poste de sécurité frontalier de Labezanga ; l’installation d’une base militaire à Ouatagouna chef-lieu de la commune et l’installation d’une autre base militaire à Fala Gourma pour sécuriser l’ensemble du Gourma.

« On ne va risquer nos vies pour des députés qui, après leur élection, vont s’installer à Bamako et nous laisser avec ces groupes armés », déclare Youssouf Yehiya. Pour lui, si l’État ne réagit pas, c’est parti pour une élection sans vote dans leur commune.

2 Comments

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