Le maire de Zantièbougou, Seydou Koné, est dénoncé au Pôle économique et financier par deux plaintes pour avoir vendu illégalement quatre hectares. Sans compter que l’argent généré par ces ventes n’a pas été versé. Pour l’accusé, il est victime d’une guerre politique.
Divorce entre le maire de Zantièbougou et des habitants de sa commune. En cause, sa gestion domaniale et financière de la collectivité. Dans une lettre, dont le Jalon a eu copie, les populations ont dénoncé l’édile au Pôle économique et financier. objet : « concussion et détournement d’un montant de 36 825 000 FCFA » portant sur le domaine du foncier du village.
Signée par le président des jeunes et le chef de village par intérim respectivement Bakari Koné et Soungalo Diakité, la correspondance précise que le maire Seydou Koné a vendu quatre hectares de la collectivité en violation des textes. Ces espaces, note le document, sont pourtant réservés pour servir de place publique et le domaine du service de l’élevage.
Des manquements confirmés, selon les dénonciateurs, par une mission d’investigation conduite par le préfet du cercle de Bougouni. Les conclusions de celle-ci sont sans appel : la gestion domaniale du maire a relevé une »concussion s’élevant à 36 825 000 FCFA au titre de la vente de 491 lots en raison 75 000 FCFA par lot ».
A l’heure des décomptes, l’argent généré par ces ventes n’a pas été versé au trésor public, outre l’illégalité des cessions immobilières, enfoncent les plaignants.
Autre fait dénoncé : la vente de 46 lots sans aucune quittance à un commerçant par le maire Seydou Koné.
Mais l’édile se défend et clame son innocence. « C’est faux et archi-faux. Je suis victime d’une guerre politique. Tous ceux qui sont en train de faire du tapage, des bruits sont des adverses politiques. Ils cherchent à avoir raison sur moi. Ce n’est pas un combat contre la mauvaise gouvernance», déclare-t-il.
Sur les plaintes évoquées dans la lettre, l’élu communal soutient avoir fait du raccordement et non du morcèlement. « L’ancienne équipe de la mairie a morcelé des parcelles et laissé çà et là des petits espaces. Ce sont ces domaines que nous avons cédés à 75 000 FCFA par lot. J’ai les pièces à conviction de toutes les opérations effectuées dans cette affaire », explique M. Koné.
« Je n’ai rien à me reprocher», insiste-t-il avant d’ajouter. « A ma demande, j’ai sollicité du ministère une mission d’experts pour faire l’audit de la gestion domaniale ». Après dix jours de travail, aucune irrégularité n’a été relevée, affirme M. Koné. Des arguments brandis par l’accusé pour se blanchir des accusations contre lui.
Interrogé également sur les 46 lots cédés sans quittance, le maire répond : « C’est vrai que Bourama Cissé a en sa position les documents de 46 lots. Mais ce n’est pas le maire qui vend directement. Si M. Cissé arrive à acheter ces terrains avec des propriétaires, cela n’est pas la faute au maire », se defend Seydou Koné.
Sauf qu’il va être démenti par M. Cissé, lui-même. « C’est le maire qui m’a vendu presque tous les lots. Il m’appelle et m’envoie quelqu’un à qui je donne l’argent », nous explique le commerçant.
Redoutant cette situation, son souhait est de rentrer en possession de son argent, à défaut d’avoir les terrains.
Avant la plainte des habitants de Zantièbougou, l’Association malienne de lutte contre la corruption et la délinquance financière (AMLCDF) avait également saisi le Pôle économique et financier de Bamako sur la même affaire.