Le Mali, à travers l’Institut d’Économie Rural-Centre Régional de Recherche Agricole (IER-CRRA), s’engage dans la promotion de la filière tomate. Les zones d’expérimentation actuelles situées dans les régions de Sikasso et Koulikoro ont reçu la visite des chercheurs, du 24 au 27 janvier 2020, pour échanger avec les producteurs de la filière sur les atouts et les contraintes.
Cette sortie effectuée en synergie d’actions avec d’autres structures de mise en œuvre du projet, dont l’Institut Polytechnique Rural de Formation de Recherche Appliquée (IPR/IFRA) de Katibougou en charge du volet Communication et Informations et REMATRAC-Bio (Réseau Malien pour la Transformation du Coton Biologique) chargé de l’aspect transformation et chaines de valeur des produits bios du projet s’inscrit dans les nouvelles directives données par l’ONG Biovision basée au Kenya qui coordonne les activités de AEB sur le plan continental. En effet, selon les responsables du projet, la nouvelle directive recommande aux 8 pays bénéficiaires du projet 4 en Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda, Tanzanie et l’Éthiopie) et 4 en Afrique de l’Ouest (Mali, Sénégal, Nigéria et Benin) de choisir un produit spécifique pour le promouvoir. Et le choix du Mali pour cette phase a porté sur la tomate.
Pourquoi la tomate ?
« La tomate est, après la pomme de terre, le légume le plus consommé dans le monde. C’est également l’une des cultures les plus répandues à travers le monde. Elle est cultivée sous toutes les latitudes dans des conditions très variées. La culture de la tomate au Mali reste cependant confrontée à des contraintes majeures telles que l’extrême pauvreté des sols agricoles, l’insuffisance d’eau, la faible technicité des producteurs, le problème de marchés, la forte pression parasitaire qui entrainent une diminution de la productivité et de la production et par conséquent le revenu des producteurs », explique l’IER-CRRA de Sikasso.
C’est dans ce contexte que le pilier Formation et Recherche géré par l’IER a multiplié des initiatives à travers surtout l’accompagnement des maraichers dans la production des tomates bios. La visite de terrain était donc une occasion pour les chercheurs, le Dr Fagaye SISSOKO, Point Focal de AEB à l’IER-CRRA de Sikasso et ses deux collègues : le Dr Amadou TRAORE et le Dr Urbain DEMBELE de visiter les parcelles de productions bios de Sikasso et de Koulikoro et de participer à la récolte de la tomate bio avec des producteurs sur place. La visite avait également pour but de créer une synergie d’actions entre les piliers recherche, communication et chaine de valeur afin de renforcer la capacité des producteurs à répondre aux normes du marché biologique. Les discussions avec les agriculteurs-maraichers ont permis à l’équipe de se rendre compte du degré d’engagement des producteurs dans la pratique de l’agroécologie.
Pour N’Tji SANOGO de Sikasso, le développement du pays passe par l’agriculture bio. Fort de ses 15 ans d’expérience dans la pratique du maraichage biologique, il apprécie le niveau d’écoulement de ses produits (tomates bios) qui sont les plus sollicités par les consommateurs. La raison est toute simple : « mes produits sont plus faciles à conserver que les tomates issues de l’agriculture conventionnelle. D’où, la ruée des clients sur ces tomates au marché ».
N’Tji SANOGO, tout comme d’autres producteurs bios de N’Kourala rencontrés maitrisent toutes les notions de l’agriculture bio, principalement le compostage, l’utilisation de bio pesticides, la technique de production de semences, etc.
Mais certains problèmes les échappent complètement, dont le cas du flétrissement des plantes au niveau de certaines parcelles. Ce problème se manifeste par le dessèchement des plantes qu’ils ont partagé avec les chercheurs. Il empêche la plante de se développer convenablement pour donner des fruits et elle (la plante) finit par mourir, a expliqué M. Sanogo.
« On a une idée de ce qui pourrait être à l’origine de ce problème. D’abord, on est dans des zones où les sols sont ferrugineux tropicaux lessivés. Nous pensons qu’au niveau de ces sols, il y a une toxicité ferreuse qui peut éventuellement se manifester et provoquer le flétrissement de ces plants de tomates. À cela on peut aussi ajouter le problème de l’acidité des sols. Mais ces arguments ne suffisent pas pour répondre avec certitude. Des échantillons de sols et de plants seront prélevés pour les analyser dans le but d’avoir le cœur net sur la nature réelle de ce problème », a souligné Dr Fagaye Sissoko.
L’étape de Koulikoro a concerné les productrices maraichères de Kolèbougou. Elles évoluent dans un vaste périmètre de maraichage bio offert par l’ONG HELVETAS. Comme à N’Kourala, l’équipe de l’IER accompagnée des Points focaux des Piliers 2 et 3 (Amadou K COULIBALY et Mme Maiga Diali Counda BASSE) a procédé au même exercice de visite des parcelles et d’échanges avec les maraichères, regroupées en coopérative. Les échanges ont permis aux visiteurs de recenser à ce niveau aussi des problèmes dans la production de tomates bios. Il s’agit de deux maladies qui sont en train de causer des dégâts aux plants de tomates : la virose provoquée par un insecte appelé la mouche blanche et une autre qui se caractérise par un flétrissement causé par les « les nématodes ». Le parasite est un vert microscopique (très petit, mais souvent visible à l’œil nu) et de forme ronde, est très destructeur, car tue complètement la plante, selon Amadou K. COULIBALY.
Dans l’ensemble, les participants ont été très satisfaits de cette visite.
« Ce que nous avons vu dans les différentes parcelles, l’engagement des femmes, cela nous a beaucoup réconfortés. On a la certitude que les producteurs peuvent faire le maraichage bio si le marché est garanti. On a de la potentialité par rapport à ce système de production », s’est réjoui le Dr Fagaye SISSOKO.