Alors que la force antiterroriste française Barkhane, qui évacue ses bases du Mali, pour le Niger voisin, le Mali et le Burkina Faso sont désormais condamnés à conjuguer leurs efforts pour pacifier le vaste territoire du Liptako-Gourma relevant de leur frontière respectif. La zone dite des trois frontières, sanctuaire des groupes terroristes du GSIM et de l’EIGS et leurs ramifications a plus que jamais besoin d’une action coordonnée des armées des différents pays.
Si la crise sécuritaire, en 2011/2012, était l’apanage de la partie septentrionale du Mali, force est de constater que de nos jours, c’est plutôt la zone du Liptako-Gourma, communément appelée ‘’la zone des 3 frontières’’ est devenue l’épicentre des actions terroristes dans la bande sahélo-saharienne. Le choix porté par les groupes terroristes sur cet espace géographique pour en faire leur sanctuaire, n’est pas fortuit, selon des spécialistes. En effet, explique-on, c’est un espace géographique qui donne accès aux trois pays frontaliers que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Les frontières étant, on ne peut plus, poreuses, les groupes terroristes ont toutes les latitudes de perpétrer leurs forfaits, dans les limites territoriales d’un des trois Etats, pour ensuite se réfugier, sans anicroche, sur le territoire voisin. Dès lors, leur poursuite par les armées nationales, devient un handicap majeur, sans un accord tacite entre les pays membres du champ.
Sans fausse modestie, aucune, il convient de reconnaitre que la lutte contre le terrorisme dans ‘’la zone des 3 frontières’’ est une œuvre de longue haleine qui en appelle nécessairement à une conjugaison efforts des forces nationales des pays du Sahel Central, constate un spécialiste. Cette conjonction des forces s’impose, compte tenu de l’étendue de la zone. En fait, la zone du Liptako-Gourma s’étend sur une superficie de 370.000 Km2 où pullulent les groupes terroristes qui sont mus par le trafic d’armes, de drogue, d’êtres humains et autres marchandises prohibées. Face à cette réalité du terrain, aucune armée des trois pays, isolement, quelle que soit sa puissance, ne pourrait venir à bout des criminels terroristes, selon une source sécuritaire. Il est vrai que ces temps-ci, le Président de la transition le colonel Assimi Goïta et aussi à ses proches collaborateurs ont fait du réarmement leur priorité absolue. Aussi, les Forces Armées du Mali ont entrepris une extraordinaire montée en puissance, en raison d’un changement de paradigme (de la défensive à l’offensive). Toute chose qui a permis, selon des sources sécuritaires, de faire basculer la peur dans le camp ennemi. Toutefois, doit-on pour autant, céder à une certaine fatuité ? Bien sûr que non !
La lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne en général et particulièrement dans ‘’la zone des frontières’’ doit absolument être basée sur une stratégie militaire qui en appelle à une collaboration étroite entre les différentes forces loyalistes déployées dans la zone en question. D’ailleurs, à bien y disserter, on pourrait se réjouir du fait que les pistes d’un semblant schéma de collaboration soit déjà esquissé. En effet, la force antiterroriste française, Barkhane, après avoir déguerpi le Mali s’apprête à se faire localiser au Niger. Ainsi, pourra se mettre en place le tandem ‘’Barkhane-FAN’’ pour combattre la nébuleuse terroriste constituée par l’EIGS et ses dépendances dans la zone des 3 frontières. Or, il est important de reconnaitre qu’au regard de l’implantation des différents groupes terroristes dans le Liptako-Gourma, c’est la zone frontalière Mali-Niger qui est le sanctuaire de l’EIGS. S’agissant du groupe terroriste dont les rênes sont tenues par Iyad Agali, à savoir le GSIM, son sanctuaire dans le Liptako-Gourma est la zone frontalière Mali-Burkina Faso. Etant donné qu’il serait pratiquement impossible pour une armée d’un des trois pays du Liptako-Gourma puisse, à elle seule, gagner la lutte contre le terrorisme dans le Sahel central, on devient alors impératif que le Mali et le Burkina Faso se donnent la main pour relever le défi sécuritaire de l’heur. En conjuguant leurs efforts, ces deux forces pourraient renforcer le contrôle à leur frontière commune et cela contribuerait à restreindre considérablement la liberté de mouvement des groupes terroristes. Bien évidemment que cette conjugaison des efforts passera nécessairement par des patrouilles communes, tant sur le territoire malien que sur celui burkinabè. En tout cas, les autorités administratives, militaires et politiques des deux pays se doivent de méditer sur cette alternative de rapprochement entre leurs armées nationales. C’est une expérience qui mérite d’être tentée au lieu de compter sur autrui.