Il a avait été annoncé, en fanfare, il y a peu, un gouvernement civil de transition au Mali, à partir du 27 février 2022, pour préparer le retour à une vie constitutionnelle normale, dans un délai de six mois, en lieu et place de celui dirigé par les militaires. Mais la montagne semble accoucher d’une souri. Et pour cause ? L’éléphant annoncé se présente prématurément et avec une patte brisée, puisque l’exécutif en question opte non seulement de s’exiler loin des Maliens qu’il prétend gouverner, mais aussi son instigateur est un ex-pensionnaire du lycée de Bamako-Coura.
Ainéa Ibrahim Camara, celui-là même qui se fait passer pour un « homme d’affaires » (PDG de Investia-Fonds d’Investissements), entré par effraction dans la politique, est cité, depuis, mercredi 23 février 2022, comme le pilier du projet de gouvernement civil attendu au Mali, à partir du 27 février 2022. Un projet censé mettre fin à la transition en cours dirigé par les militaires qui ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keita le 18 août 2020, à la suite d’une insurrection populaire. Le nouveau conseil transitoire, selon les sources, se donne six mois pour organiser les élections consacrant le retour à une vie constitutionnelle normale. Les rebelles en exile comptent mettre à profit les brouilles diplomatiques actuelles entre les autorités transitoires maliennes et l’ancienne puissance coloniale et également le différend avec la CEDEAO pour réussir son coup. Ce qui fera d’ailleurs dire à des internautes que « le gouvernement d’exil sera basé à Paris et les conseils de ministres vont se tenir par rotation dans les capitales de la cedez-à-eau, pardon la Cedeao ».
Pourtant, ce nom, Ainéa Ibrahim Camara, qui inonde, depuis plusieurs heures les réseaux sociaux, vous dit, sans doute, quelque chose. En tout cas, pour ceux qui suivent l’actualité politique malienne. Pour rappel, c’est bien lui qui, en pleine campagne électorale en 2020 au compte du parti Mouvement Républicain en Commune III du District de Bamako, fut interpelé et mis en prison, à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako sur une plainte de la dame Rokia Sangaré pour « escroquerie et abus de confiance » devant le Pôle Economique et Financier de Bamako. L’affaire a été largement relayée dans la presse, à l’époque. Les confrères qui se sont intéressés à l’affaire relatent que tout serait parti de deux contrats de fourniture de ciment, de carreaux et de fer signés par la Société Rokia Sangaré, courant 2014, avec l’entreprise Investia-Fonds d’Investissement-Sa de Ainéa Ibrahim Camara. Qu’est-ce qui n’a pas marché et qui aura fini par pousser la dame Rokia Sangaré à se tourner vers la justice ? Un des confrères, qui avait réussi à faire parler la dame Rokia Sangaré, rapporte : « Vous savez, personnellement, je n’avais pas de relation avec Ainéa. J’ai fait sa connaissance à travers un ami, qui m’a dit qu’Ainéa est entrepreneur et que nous pouvons travailler. Au départ, j’étais réticente parce que je ne connais rien dans le domaine des marchés. C’est dans le commerce que j’évolue. Je faisais des voyages sur la Chine où j’amenais des conteneurs de carreaux et des pièces de motos Djakarta. C’est là que j’ai gagné mon argent puisque cela marchait beaucoup.
Pour le cas de Ainéa, il m’a proposé des marchés à hauteur de plusieurs millions de FCFA. Pour me convaincre, il m’a dit qu’il a eu des marchés de construction des logements pour la Police et la Garde nationale. Pour ce faire, il a urgemment besoin de mon concours en ciment, carreaux et fer. Pour le ciment, il m’a demandé de livrer d’abord 1 000 tonnes pour un montant de 136 millions de FCFA et les autres matériels pour un montant de 348 250 000 FCFA. Dieu merci, j’ai tout respecté. C’est au moment de me payer que j’ai eu de sérieux ennuis avec lui puisqu’il m’a remis deux chèques sans provision.
Pour être clair avec vous, je me suis présentée à la Bank Of Africa, on m’a fait savoir qu’il n’y a rien dans les comptes. Ce jour-là, j’ai failli mourir, tellement cela m’a touché. C’est là que j’ai compris que Ainéa venait de m’escroquer. Pendant des mois, j’ai tout fait pour qu’il puisse payer mon argent. Finalement, il n’a payé que 10 millions de FCFA… Je suis convaincue que Ainéa a revendu les tonnes de ciments et les autres matériels. Parce que nous nous sommes rendus au lieu de dépôt derrière les Halles de Bamako, il n’y avait rien dans le magasin. C’est vraiment dommage ».
En plus, pour étouffer cette affaire d’escroquerie sur fond de chèques sans provision, il se dit également que le sieur Camara, avait essayé de soudoyer l’incorruptible Procureur Mahamadou Kassogué, actuel ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, avec la somme de plus de 100 millions de FCFA, pour ne pas aller en prison. Il ne pouvait mal tomber, car c’est cet acte indélicat qui l’amena en prison.
Si tant est vrai que les Maliens rêvent de paix, de changement, de démocratie et de bonne gouvernance, peut-on vraiment fonder notre espoir sur des individus de moralité douteuse, à l’image de ce meneur ? Le doute est vraiment permis ! Mais le monde étant ce qu’il est avec ses règles souvent les plus contestable, donnons donc le temps au temps pour voir clair.