Depuis le 30 avril, les populations de plusieurs quartiers de Bamako et d’autres villes du Mali ne dorment plus que d’un œil. En cause, des manifestations nocturnes dénonçant un hold-up électoral. Ces manifestants de groupes de jeunes tentent de se faire renforcer par d’autres mécontents du régime IBK, dont ceux qui s’estiment victimes du couvre-feu des coupures intempestives du courant par EDEM-SA.
Dans un contexte de crise générale, au lieu de désamorcer la bombe, le gouvernement répond par le mépris.
Presque toutes les communes du district ont été touchées par les violences ces dernières 24 heures, à travers des barricades érigées sur les voies publiques. Des coups de feu ont été entendus en plusieurs endroits de la capitale.
Des jeunes des villes de Kayes, Sikasso, Kita, Koutiala, Mopti et Gao ont aussi rallié Bamako, dans ces manifestations, comme pour exprimer leur ras-le-bol contre le gouvernement.
À Sikasso, principale porte d’entrée des camions de transport des produits de première nécessité en provenance de Côte-d’Ivoire, on apprend déjà le blocage de pas moins de 600 véhicules, à cause de ces manifestations. Autant dire qu’il faut craindre le pire, une menace de rupture d’approvisionnement du pays en denrées de première nécessité, dans un contexte socio-économique déjà fragilisé par la double crise sécuritaire et sanitaire. Un déficit de ravitaillement des populations est un pari très risqué. Dans la capitale du Kénédougou, les manifestants sont catégoriques, le droit n’a pas été dit pas les sages de la Cour constitutionnelle lors de la proclamation des résultats du second tour des législatives, ce 30 avril 2020.
Comme c’est la conviction des manifestants à Sikasso, en CI, V et VI du district de Bamako, le Dr Mahamadou KONATE, professeur de Droit public, Histoire du droit et Relations internationales, indique que la Cour constitutionnelle ‘’a fait de la politique’’.
« Comment peut-on annuler des milliers de voix d’électeurs dans des milliers de bureaux de vote (Commune I, Kati, Koro, etc.), au seul motif que le remplacement des Présidents desdits bureaux par les Représentants de l’État (Préfets, gouverneurs) a été fait en violation des textes en la matière ? En quoi, les électeurs et leurs partis politiques sont-ils responsables des fautes administratives commises par les Représentants de l’État », s’interroge-t-il ?
Youssouf Mangara enchaine : « La Cour annule des voix au profit des princes du jour, elle invalide des résultats pour écarter les élus du peuple au profit des nommés du Pouvoir ». Voilà l’essence d’une crise dont personne ne peut deviner pour l’instant l’issue. Pour le moment, les jeunes prennent le maquis, le gouvernement répond par le mépris e, dispersant les manifestants à coups de gaz lacrymogène et de matraque. C’est dans ce cadre que des sources concordantes font état de l’arrestation de 11 manifestants dans la capitale de l’or blanc qui ont été jugés et condamnés à 6 mois de prison, dont 2 fermes et 4 avec sursis.