Sous le parrainage du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, l’Association Temedt, en partenariat avec Avocats sans frontières Canada (ASF Canada), a organisé ce mardi 28 octobre 2025 une rencontre consacrée à la nécessité d’institutionnaliser une journée nationale de solidarité envers les victimes de l’esclavage et à l’adoption d’une loi spécifique contre l’esclavage et les pratiques analogues au Mali.
La cérémonie s’est tenue dans la salle de conférence de la Direction nationale des Droits de l’Homme (DNDH), sous la présidence d’Abdoul Karim Diarra, directeur national des Droits de l’Homme, représentant le ministre de la Justice, garde des Sceaux. Y ont également pris part le président de l’Association TEMEDT, Ibrahim Ag Ibaltanat ; le représentant d’Avocats sans frontières Canada, Richard Gorman ; des acteurs de la lutte contre la pratique de l’esclavage au Mali.
Dans son mot de bienvenue, le président de l’Association TEMEDT, Ibrahim Ag Ibaltanat, a affirmé que malgré l’abolition officielle de l’esclavage par l’ascendance, la pratique persiste dans plusieurs régions du pays. Elle se traduit, explique-t-il, par la marginalisation sociale, l’exclusion des droits fondamentaux, et parfois même par des violences graves ».
Dans ce contexte, dit-il, l’institutionnalisation d’une Journée nationale de solidarité aux victimes de l’esclavage est une nécessité morale, sociale et politique. Elle vise, dit-il, à reconnaître la souffrance des victimes passées et présentes ; à lutter contre les discriminations liées à l’ascendance ; et à prendre en charge les victimes.
Au nom d’Avocats sans frontières Canada, Richard Gorman a aussi déclaré que des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants continuent de souffrir de discrimination et d’exclusion uniquement en raison de leur ascendance.
Pour ASF Canada, l’adoption d’une loi spécifique criminalisant l’esclavage et les pratiques analogues était « nécessaire pour protéger les victimes, sanctionner les auteurs et rappeler que la discrimination fondée sur l’ascendance n’a pas sa place dans la société malienne ».
L’organisation estime que cette lutte ne se limite pas au droit, mais relève d’un impératif de cohésion nationale et de dignité humaine, en soulignant qu’une paix durable ne peut s’enraciner dans l’inégalité et l’humiliation.
Face à la situation, M. Gorman a appelé à l’action pour qu’au Mali « plus jamais un être humain ne soit défini par son ascendance » et a exhorté à inverser la tendance du silence autour de ce fléau en instituant une journée nationale de solidarité et en assurant le retour sécurisé et digne des victimes déplacées.
Dans son discours d’ouverture, le directeur national des Droits de l’Homme, Abdoul Karim Diarra, a plaidé pour la relance du projet de loi spécifique sur l’esclavage, mis en veille depuis plusieurs années. Selon lui, il est temps de le ressusciter, de lui donner corps et vie, pour renforcer l’arsenal juridique du pays.
Adhérant à la proposition de créer une journée nationale de solidarité et de sensibilisation en faveur des victimes, il a suscité la réflexion d’aller au-delà en vue de prendre en compte l’aspect d’accompagnement et de protection des victimes de l’esclavage.
«C’est à ce prix qu’on pourra aller à l’apaisement et à la cohésion nationale », est-il persuadé.





