Lancement du Nouveau rapport de l'ONU-SIDA, Image illustrative, source: Onu-sida
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Pour mettre fin au sida, il faut protéger les droits de l’homme de chacun

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Selon le nouveau rapport de l’ONUSIDA qui fournit une feuille de route claire, pour mettre fin au sida, il faut suivre la voie des droits. À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre), l’ONUSIDA souligne que le respect des droits de l’homme de toutes les personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque d’infection est essentiel pour mettre fin au sida d’ici à 2030.
Le monde a fait d’énormes progrès pour réduire l’impact du VIH au cours des 15 dernières années. Au niveau mondial, 30,7 millions de personnes – soit 77 % des personnes vivant avec le VIH – seront sous traitement en 2023, contre seulement 7,7 millions en 2010. Cette évolution s’est traduite par une baisse spectaculaire du nombre de décès liés au sida, qui a diminué de 51 % au cours de la même période.
Au Mali en décembre 2023 les statistiques du SE/HCNLS estiment que 120 523 personnes vivent avec le VIH(PVVIH) au Mali avec 64% qui connaissent leur statut sérologique. 60% des PVVIH sont sous traitement antirétroviral avec 75% de suppression de charge virale chez les patients sous traitement. À cet effet, plusieurs constats ont été faits à savoir :

  1. Accès limité aux services de santé : L’inégalité géographique et les coûts élevés de certaines prestations, limitent l’accès aux soins, notamment dans les zones rurales.
  2. Faible performance de la cascade de prévention et de traitement : Le dépistage reste insuffisant, l’adhésion au traitement antirétroviral est faible, et les tests de charge virale sont peu répandus.
  3. Stigmatisation et discrimination : Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et les populations clés (travailleurs du sexe, utilisateurs de drogues injectables) font face à une stigmatisation élevée, réduisant leur recours aux soins.
  4. Instabilité politique et économique : Les crises politiques et sécuritaires perturbent les systèmes de santé et limitent les financements pour la lutte contre le VIH.
  5. Manque d’intégration des services de santé : Les services VIH sont souvent isolés des autres services de santé, réduisant l’efficacité des interventions.
  6. Problèmes logistiques : Les ruptures de stock fréquentes de médicaments et de tests compromettent l’efficacité de la réponse au VIH.
  7. Manque de sensibilisation et d’éducation : Une faible connaissance des modes de transmission et de prévention alimente les comportements à risque, surtout chez les jeunes.
    Cependant, malgré la mise au point d’une série de traitements et d’outils de prévention efficaces, le monde n’est toujours pas en mesure de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé mondiale d’ici à 2030. Les progrès sont trop lents. En effet, dans au moins 28 pays, les nouvelles infections par le VIH sont en augmentation.
    Comment protéger les progrès déjà réalisés dans la lutte contre le VIH et continuer à progresser vers cet objectif vital de 2030 ?
    Un nouveau rapport de l’ONUSIDA publié avant la Journée mondiale du sida, intitulé « Take the Rights Path » (emprunter la voie des droits), montre que le respect des droits est la voie à suivre pour une riposte au VIH qui soit solide et durable. Le monde peut mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique si les droits de l’homme de toutes les personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque d’infection sont protégés. Le respect des droits des femmes et des jeunes filles est essentiel pour mettre fin à la pandémie de sida.
    La violence fondée sur le sexe accroît la vulnérabilité au VIH. Les statistiques montrent que les femmes représentent environ 58 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) au Mali, une proportion reflétant leur plus grande exposition à divers facteurs de risque. Pour la prévalence, elle est plus élevée chez les jeunes filles et les femmes âgées de 15 à 24 ans, souvent en raison d’inégalités de genre, de violences sexuelles, et d’un manque de pouvoir dans les relations.
    Malgré les efforts pour prévenir la transmission mère-enfant, plus de 20 % des femmes enceintes séropositives n’ont pas accès aux antirétroviraux (ARV). Les services de prévention, tels que les préservatifs féminins ou la prophylaxie pré-exposition (PrEP), restent largement sous-utilisés.

Le refus de l’éducation et de l’information met les gens en danger. Il est urgent d’investir dans l’éducation des filles et d’offrir une éducation sexuelle complète – un élément essentiel de la prévention du VIH.
Les obstacles à la santé doivent être levés. Par exemple, plus de la moitié des pays ont des lois qui empêchent les jeunes de se faire dépister pour connaître leur statut sérologique, à moins qu’ils n’obtiennent l’autorisation de leurs parents, ce qui fait fuir les jeunes et conduit beaucoup d’entre eux à ne pas savoir s’ils vivent avec le VIH. Plusieurs stratégies pour mises en œuvre dans ce cadre :
 Introduction de cliniques mobiles et de centres jeunes offrant des services gratuits de dépistage, de consultation et de contraception, y compris la prophylaxie préexposition (PrEP).
 Mise en œuvre de campagnes ciblées sur les modes de transmission du VIH et l’importance du dépistage régulier.
 Diffusion d’informations dans les écoles et via des plateformes digitales pour toucher les jeunes filles.
Ici bien que de nombreux pays aient réalisé des progrès considérables pour réduire l’impact du VIH sur les enfants, l’engagement de protéger tous les enfants vivant avec le VIH et affectés par le virus n’est pas respecté. Un enfant sur trois ne bénéficie pas d’un test de dépistage du VIH au cours des deux premiers mois de sa vie, la fourniture d’une thérapie antirétrovirale à vie aux femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH n’a pas augmenté au cours de la dernière décennie et la couverture du traitement du VIH est nettement plus faible pour les enfants (57 %) que pour les adultes (77 %).
L’amélioration de la PTME grâce à des approches communautaires
Un programme mené avec le soutien de l’UNICEF et d’autres partenaires a mis en place une stratégie communautaire pour prévenir la transmission mère-enfant (TME) du VIH. Cette approche visait à intégrer les soins liés au VIH dans les services de santé maternelle et infantile.
Points positifs :

  1. Dépistage systématique des femmes enceintes :
    o Des campagnes de dépistage rapide ont été introduites dans les centres de santé communautaires pour toutes les femmes enceintes.
    o Les femmes séropositives identifiées étaient mises sous traitement antirétroviral (ARV) pour réduire les risques de transmission à leur enfant.
  2. Suivi postnatal des enfants exposés :
    o Mise en place de cliniques mobiles et de consultations régulières pour surveiller la santé des nouveau-nés exposés au VIH.
    o Distribution gratuite de lait maternisé dans les cas où l’allaitement exclusif n’était pas conseillé.
  3. Engagement communautaire :
    o Formation de relais communautaires pour sensibiliser les familles sur l’importance du dépistage et de l’adhésion au traitement.
    o Implication des leaders religieux et traditionnels pour réduire la stigmatisation associée au VIH.
    Resultats :
    • Une augmentation notable du taux de dépistage chez les femmes enceintes.
    • Une réduction significative des transmissions mère-enfant, passant de 20 % à environ 5 % dans les zones ciblées.

La criminalisation et la marginalisation de groupes de personnes, tels que les homosexuels, les transsexuels, les travailleurs du sexe et les toxicomanes, sapent également les efforts déployés pour mettre fin au sida. L’adoption d’une législation encore plus sévère à l’encontre de ces groupes dans de nombreux pays augmente les niveaux de stigmatisation et de discrimination et éloigne les gens des services de traitement et de prévention du VIH.
La réaction hostile aux droits qui menace de réduire à néant une grande partie des progrès accomplis dans la lutte mondiale contre le sida doit être combattue de front. Pour protéger la santé de chacun, nous devons protéger les droits de tous.
Il y a de l’espoir.
Dans le monde entier, un certain nombre de lois qui entravaient la fourniture de services de santé publique à des groupes de personnes vulnérables ont été supprimées. Aujourd’hui, deux tiers des pays ne criminalisent pas les personnes LGBTQ. On observe également une nette tendance à la suppression des lois contre-productives qui criminalisent l’exposition au VIH, la non-divulgation ou la transmission du virus.
Les Bonnes pratiques : Le programme « Approche par les pairs » pour les populations clés avec augmentation de l’utilisation du préservatif dans les populations clés : de 30 % à 65 % chez les travailleurs du sexe.
Mauvaise pratique : Manque de durabilité et d’intégration des services

Maliki Diallo

Diplômé de l'École supérieure de journalisme de Lille et de l'Université de Lille, Maliki Diallo est journaliste depuis 2012 au sein du Groupe Renouveau. Journaliste polyvalent, plusieurs de ses productions ont été récompensées au Mali et ailleurs.
- Le 13 novembre 2021, Prix (or) africain du journalisme d'investigation Norbert Zongo dans la catégorie télévision
- Le 29 décembre 2018, 2e lauréat du Prix national du journalisme sensible au genre
- 29 novembre 2019, 1er au prix de la Prévention de l'extrémisme violent au Sahel et dans le bassin du lac Tchad avec une enquête sur l'esclavage
- Août 2020, Prix Mali Média Awards catégorie télévision
- Août 2012, Mali Média Awards de catégorie presse en ligne