Sous le thème « Crimes coloniaux : l’heure des compensations a sonné », la 3e édition du Forum à la Une, organisé par Youri Communication en partenariat avec Africable Télévision, s’est tenue le samedi 19 juillet dans un format de table ronde. Ce forum cadre avec la vision de l’Union africaine décrétant 2025 l’année des réparations.
L’Afrique vit avec les séquelles de la colonisation, ont, à tour de rôle, constaté les animateurs de la 3e édition de ce forum dont le journaliste-écrivain Daouda Naman Tékété engagé depuis quelques années en faveur du panafricanisme. S’appesantissant sur les enjeux et modalités des compensations justes et durables, M. Tékété a rappelé des moments atroces de la colonisation et bien avant sur le continent.
En effet, explique-t-il, ces crimes remontent depuis la traite négrière, d’abord par les arabes suivis des Européens. Pendant des siècles, des millions de noirs ont été déportés, castrés par ces arabes, est-il revenu sur ces faits, avant de dénoncer l’imposition par la force des structures coloniales, qui continuent d’influencer la gouvernance des États africains.
Pour M. Tékété, le défi majeur réside dans la réappropriation de l’identité africaine : « Nous devons nous reconnecter à nos ancêtres, valoriser notre patrimoine et affirmer notre capacité à accomplir ce que d’autres jugent impossible. »
Le magistrat Assane Magatte Seye a, quant à lui, analysé les limites de la Cour pénale internationale (CPI), qualifiée de « justice à deux vitesses ». Sur 31 affaires jugées, 17 concernent des Africains, dont 14 dirigeants, révélant un déséquilibre flagrant.
Pour les compensations, il propose un « projet à tiroir », visant à quantifier les préjudices période par période et à identifier des réparations financières et non financières. « Ces compensations ne feront pas de nos pays des États riches, mais elles sont nécessaires pour corriger une injustice historique », a-t-il affirmé.
Pour sa part, l’honorable Youssouf Z Coulibaly, membre du Conseil national de Transition (CNT) abordant la thématique sur l’impératif des réparations et compensations, des pistes d’actions concrètes pour le Mali et pour l’Afrique, a expliqué la possibilité pour le continent de réclamer les réparations financières et non financières. En effet, soutient-il, toutes les preuves de crimes existent.
Pour lui, il sera utile de penser à la mise en place d’un fonds de compensation ou d’introduire des taxes dans le cadre de la collaboration avec les anciens colonisateurs. Il estime que les réparations commencent avec la restitution des œuvres d’art qui ont été pillées à l’Afrique.
Cependant, dans ce combat pour corriger une injustice, le membre du CNT a déclaré qu’il ne faudrait pas surtout compter sur des organisations internationales, notamment l’Union africaine reste, accuse-t-il, téléguidée par l’Europe.
Par ailleurs, il s’est dit convaincu que le Mali peut jouer un rôle de catalyseur avec l’accompagnement des autres pays.