Le 9 mars 2025, une page X intitulée « Ma patrie, mon combat » a publié une vidéo de 18 secondes montrant des dizaines d’hommes en tenue militaire et portant des masques, défilant sur une route de campagne à bord de grosses motos. L’internaute a titré : « Les forces armées de l’AES en action ». Toutefois, il ne précise ni le pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Mali, le Niger ou le Burkina Faso, ni quand cette vidéo aurait été tournée.
La vidéo a rapidement attiré l’attention, totalisant plus de 11 000 vues et étant repartagée par plus de 45 personnes. Dans les commentaires, de nombreux internautes expriment leur enthousiasme, louant les « compétences » et la fierté qu’inspirent ces militaires, supposés être des pays de l’AES.
Une vidéo ancienne de soldats nigérians
Cependant, une recherche par image inversée révèle que cette vidéo n’est pas récente et qu’elle montre en réalité des soldats du Nigeria. Partagée depuis 2021 par des comptes nigérians sur les réseaux sociaux, elle a été utilisée pour célébrer la puissance de l’armée nigériane.
On retrouve la vidéo pour la première fois le 31 décembre 2021 sur la page Facebook Nigerian Armed Forces Diary, un compte qui couvrait l’actualité des forces armées du Nigeria avant de cesser ses publications le 2 mai 2022. Le commentaire accompagnant la vidéo, rédigé en anglais, disait : « If I tell you the price of being a soldier… You will rather remain a civilian » (« Si je vous dis le prix à payer pour être soldat… Vous préféreriez rester civil »), accompagné du hashtag #NigerianMilitaryUpdates.
En 2023, la vidéo a été republiée sur TikTok, où elle est rapidement devenue virale, recueillant des centaines de commentaires en anglais, louant les mérites de l’armée nigériane. Elle a récemment été reprise par une page une page YouTube qui compare les armées de deux « géants » africains, l’Afrique du Sud et le Nigeria, et se pose la question : « Qui gagnera ? ».
Il apparaît donc clairement que la vidéo montre des forces armées nigérianes et qu’elle circulait sur les réseaux sociaux bien avant la création de l’AES.
Jean-Marie Ntahimpera