Les fausses informations diffusées pendant la période électorale sont sources de conflits électoraux en plus de constituer une sérieuse menace pour la démocratie et la stabilité des États.
« Que ce soit au Mali au dans d’autres pays, nous voyons que les mauvaises informations s’invitent de plus en plus dans le processus électoral. Cela entraîne malheureusement des crises qui aboutissent souvent à des violences post-électorales », analyse Salia Traoré, coordinateur de la Coalition pour l’observation citoyenne des élections au Mali (Cocem). Cette organisation, comme d’autres de la société civile, œuvre au Mali pour des élections libres, transparentes et démocratiques.
« Le travail d’une Organisation d’observation électorale est d’observer la transparence et la crédibilité de tout le processus. Lors des élections, les candidats et les électeurs ont tous les yeux rivés sur les observateurs. Ils estiment que nous sommes sur le terrain et accordent plus de crédit à nos informations » précise-t-il. Avant d’ajouter que la mission des organisations d’observation s’est davantage complexifiée. En cause, les fausses informations qui se propagent assez vite à travers les réseaux sociaux. « Aujourd’hui, la désinformation rend le processus électoral vulnérable », déplore Salia Traoré.
Pendant la période électorale, il y a des « rumeurs sur des bourrages d’urnes, le code électoral ou d’autres aspects en lien avec l’élection. Ces rumeurs et mauvaises informations véhiculées sont sources de tensions et peuvent, au pire, provoquer morts d’Hommes », renchérit Moussa Doumbia, Directeur pays de Internews. La lutte contre la désinformation devient ainsi un énorme défi à relever pour l’ensemble des organisations impliquées dans le processus électoral.
« La diffusion des mauvaises informations reste un défi majeur pour l’accomplissement de notre mission. Nous sommes tenus d’être plus proactifs dans la vérification des informations avant que ça ne prenne une dimension non souhaitée pour l’apaisement du processus électoral », explique Salia Traoré de la COCEM.
De son côté, Internews s’investit dans la formation des professionnels du secteur de l’information pour minimiser l’impact des mauvaises informations. « Dans notre plan d’actions, nous prévoyons de former des journalistes dans la lutte contre la désinformation dans leur travail quotidien mais surtout en période électorale. Nous appuyons les journalistes pour qu’ils diffusent des informations crédibles et fiables », détaille Moussa Doumbia, Directeur pays de Internews-Mali.
En outre, Internews travaille avec les acteurs politiques, des organisations de la société civile et des médias sur divers thématiques en lien avec l’intérêt public à travers la sensibilisation, la formation, l’organisation de débats télés et radios.
Selon Salia Traoré, les auteurs des fausses informations abusent de la liberté d’expression et sont aidés dans cette mauvaise pratique par les réseaux sociaux. « Nous savons bien évidemment que le droit à l’information et à la liberté d’expression sont des droits fondamentaux mais il faudra que des actions concrètes soient menées pour contrer ce fléau. Car la désinformation est utilisée dans l’intention délibérée de nuire à une personne ou à la société toute entière. De ce fait, elle constitue une menace pour la démocratie », a-t-il conclu.