« Nous, pas bouger », c’est en substance, la réponse sèche du président français à ceux qui combattent la présence militaire de l’ancienne puissance coloniale au Sahel. C’est du moins, ce qu’a laissé entendre Emanuel Macron ce 16 février 2021, au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Sahel dans la capitale Tchadienne, qui a été sanctionné par un long communiqué.
Les anti-français doivent encore prendre en mal leur patience de voir la force Barkhane plier ses bagages du Sahel où elle s’est engagée au nom de la lutte contre le terrorisme suite à un appel formel des autorités maliennes, en 2012. Depuis, l’ancienne puissance coloniale ne cesse de renforcer, contre vents et marées, ses dispositifs militaires et même politique au nom de ce combat qui mobilise d’ailleurs le monde entier.
La France, par la voix de son chef suprême des armées, Emmanuel Macron, a clairement fait comprendre, ce mardi, qu’il y a lieu certes, de travailler davantage pour le retour de l’Etat dans les territoires délaissés de la région, mais pas question pour la France d’abandonner le combat, au moment où elle engrange des résultats encourageants sur le terrain.
« Un an après le sommet de Pau, en France, « nous avons réussi à obtenir de véritables résultats dans la zone des trois frontières », entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et le principal groupe visé, l’organisation Etat islamique dans le grand Sahara, « a perdu son emprise et subit de nombreuses pertes » », a estimé le président français lors de son intervention, faite en visioconférence depuis Paris.
Oui à des évolutions significatives dans le dispositif militaire sur place pour mieux répondre aux besoins, mais non à un affaiblissement de l’effectif, comme l’avait fait croire certains analystes à la veille du sommet. Selon les propos du président français rapportés par nos confrères de l’AFP : « il serait paradoxal d’affaiblir notre dispositif au moment où nous disposons d’un alignement politique et militaire favorable à la réalisation de nos objectifs ».
Au-delà du volet militaire, le président français a évoqué la nécessité de « donner une perspective aux populations du Sahel », en appelant à un « deuxième sursaut : celui du retour de la sécurité et des services aux populations » et en réclamant « une impulsion au plus niveau de l’Etat » pour réinvestir les territoires délaissés de la région. « C’est par le collectif et l’action concrète sur le terrain que nous réussirons. La France continuera d’y prendre sa part parce que je sais que chacun est ici mobilisé », a-t-il conclu.
Sur ce volet engagement des Etats, le chef de l’Etat Tchadien, Idriss Déby Itno, avait déjà annoncé le 15 février, l’envoi de 1 200 soldats dans la zone dite des « trois frontières », entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, pour lutter contre les jihadistes.
L’envoi de soldats tchadiens avait été initialement annoncé il y a un an lors du précédent sommet de Pau (Sud-Ouest de la France). Mais l’opération avait été retardée par la menace jihadiste grandissante sur les bords du lac Tchad, et par un désaccord entre N’djamena et ses partenaires sur les modalités, notamment financières, de ce déploiement. A la fin des travaux du sommet de N’Djamena, les chefs d’Etat ont formulé plusieurs recommandations. Ils ont reconnu la nécessité de consolider l’Etat de droit et de la bonne gouvernance, qui garantiront une paix durable, répondront aux besoins actuels des populations, permettront la stabilisation des pays du G5 Sahel et feront durablement reculer les GAT. A ce titre, ils ont appelé à une accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation (APR) au Mali issu du processus d’Alger, conformément aux conclusions des réunions du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) qui se sont tenues en novembre 2020 à Bamako et en février 2021à Kidal.