Jusqu’à nouvel ordre, la culture du chanvre industriel est interdite au Mali et son usage à toute fin utile peut faire l’objet de répression par les services techniques et judiciaires du pays. C’est en substance, le message livré par le Colonel Adama Tounkara, directeur de l’Office central des stupéfiants, ce 21 mai 2020, lors d’une conférence de presse.
Depuis quelque temps, des interprétations malveillantes et tendancieuses de la décision n° 0231/MSPC-SG du 25 février 2020 du ministère de la Sécurité et de la protection civile font porter au ministre Salif Traoré le chapeau d’autoriser la culture du chanvre industriel au Mali. Bien au contraire, sa décision met fin aux doutes sur la possibilité de cultiver cette plante au Mali sous quelle que forme que ce soit.
Interpelé sur la question, le directeur général de l’Office central des stupéfiants au Mali explique : » c’est une disposition prise par le département pour mettre un terme à toute possibilité de culture du chanvre indien au Mali, contrairement aux dispositions qui étaient en vigueur ».
On peut ainsi noter dans la décision du 25 février 2020 portant retrait d’autorisation de culture et de production de chanvre industriel au Mali : ‘’Article 1 : « les dispositions de la décision n° 141/MSPC-SG du 28 février 2017 portant autorisation de culture de chanvre industriel et du cahier de charges y annexé et celles de la décision N° 2018-249/MSPC-SG du 05 mars 2018 portant modification de la décision N° 141/MSPC-SG ci-dessus sont abrogées ». Article 2 : ‘’le directeur de l’Office central des stupéfiants, le directeur général de la police nationale, le directeur de la pharmacie et du médicament sont chargés, chacun en ce qui lui concerne, de l’exécution de la présente décision’’.
Comment en est-on arrivé là ?
Selon le DG de l’OCS, le département a été obligé de prendre cette décision parce que des protocoles et lois maliennes donnaient l’autorisation, depuis des années, de cultiver le chanvre industriel au Mali, même si ces textes n’ont jamais été mis en application. Ainsi, par la loi N° 95-004 du 12 juin 1995, la République du Mali a été autorisée à adhérer au Protocole portant amendement de la Convention unique des Nations Unies sur les stupéfiants de 1961, fait à Genève le 25 Mars 1972. Un statut conforté par la loi n° 01-078 du 18 juillet 2001, modifiée, portant sur le contrôle des drogues et des précurseurs.
C’est fort de cette base légale que ‘’des Maliens avaient fait une demande auprès des autorités nationales de cultiver du chanvre industriel suivant lettre du 10 juillet 2016’’, nous a confié M. Tounkara. Aussi, a poursuivi le conférencier, par décision n° 141/MSPC-SG du 28 février 2017, la culture du chanvre industriel avait été autorisée au Mali, sur la base d’un cahier de charges. L’autorisation ainsi délivrée devait aboutir à la production de produits de synthèse à des fins médicinales, a-t-il précisé. La décision n° 2018-249/MSPC-SG, y avait apporté des modifications.
Au sens du cahier de charges, la structure d’exploitation du chanvre industriel devrait faire l’objet d’inspections régulières dans le but de veiller aux normes établies. Toutefois, il a été constaté après que les demandeurs ne se sont jamais exécutés, selon le colonel Tounkara. Approchés par les autorités compétentes, ils ont avancé, dit-il, des arguments relatifs notamment au manque de financement, de partenaires ou de marché… Tout compte fait, selon le conférencier, les différentes enquêtes sur le terrain des services compétents prouvent qu’il n’y a pas eu de culture de chanvre industriel au Mali durant la période. C’est dans ce contexte que le département sous la conduite du général Salif Traoré s’est résolu à prendre la décision N° 0231/MSPC-SG du 25 février 2020, portant retrait d’autorisation de culture et de production de chanvre industriel au Mali. Autrement dit, toute personne trouvée en possession de parties de plants de chanvre peut être inculpée en application de la Loi. Pour être précis, la culture du chanvre industriel est interdite au Mali ce, jusqu’à nouvel ordre.
Adama Toukara a donné ces informations à la presse, ce 21 mai 2020, au ministère de la Sécurité et de la protection civile dans le cadre de la mise en œuvre du cycle périodique de conférences avec les chefs de services dudit ministère.