Suite à plusieurs engagements non tenus du gouvernement vis-à-vis des administrateurs civils, ces derniers sont en colère contre le gouvernement. Face l’indifférence des autorités nationales vis-à-vis de leurs préoccupations, ces représentants de l’État, à travers le pays, menacent d’observer une grève de 72 heures, à compter de ce 26 mai.
Malgré ‘’l’organisation réussie’’ des dernières élections législatives, les administrateurs se plaignent surtout de leur abandon par l’État en matière de sécurité du personnel fortement exposé à l’insécurité grandissante et la détérioration des rapports entre gouvernants et gouvernés. Les deux organisations, les comités exécutifs nationaux des Syndicats libres des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT) et Autonome des administrateurs civils (SYNAC),dans leur préavis signé le 7 mai dernier, reprochent au gouvernement le non-respect de ses engagements à leur égard.
Les deux comités syndicaux réclament la satisfaction de sept points de revendication. Il s’agit de la mise à disposition d’au moins : quatre agents de sécurité pour les membres des cabinets des Gouverneurs (Directeur de cabinet, Conseiller aux Affaires administratives et juridiques, Conseiller aux Affaires économiques et financières), six (06) agents pour les préfets, quatre (04) pour chacun des deux adjoints et chaque sous-préfet ; la facilitation du voyage auprès de la MINUSMA en priorité aux représentants de l’État des régions du Nord et du Centre ; l’escorte à l’occasion de tous les déplacements des représentants de l’Etat à l’intérieur et en dehors de leurs circonscriptions dans la région ; l’affectation d’un agent de protection rapprochée à tous les représentants de l’État à l’instar des gouverneurs de région et leur prise en charge par le budget d’État ; la prise en charge des familles des otages jusqu’à leur libération, soit un million de francs CFA/mois.
Ils réclament également la prise en charge intégrale des frais médicaux des représentants de l’État blessés par les engins explosifs improvisés ou traumatisés dans leur intégrité physique ou psychique et l’adoption immédiate du statut particulier des administrateurs civils (dont le projet est déposé depuis 2018 au niveau du MDSTFP) avec les primes et indemnités spécifiques liées à ce corps.
Au moment où nous mettions sous presse, aucune négociation n’était encore en vue entre les deux parties. Ce qui faisait croire à un responsable syndical que nous avons pu joindre que la grève était inévitable. Pour ce dernier, le gouvernement après avoir bénéficié de l’accompagnement des administrateurs pour l’organisation réussie des dernières législatives au risque de leur vie, pense avoir gagné tout le pari. Par conséquent, il peut se permettre de se jouer des administrateurs civils. Mauvais jugement, apprécie-t-il.
Selon le responsable syndical, les administrateurs civils disposent toujours d’une force de nuisance. En effet, poursuit-il, pour cette grève de 72 heures en gestation ce 26 mai, les administrateurs civils bénéficient de l’accompagnement des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale et des secrétaires généraux des mairies sur toute l’étendue du territoire national.
« Nous allons leur montrer de quoi nous sommes capables », a martelé le responsable syndical.
Pour la satisfaction de ces revendications dont certaines datent de plusieurs années, les deux organisations syndicales estiment avoir mené plusieurs démarches pour réclamer la sécurisation des représentants de l’État dans l’exercice de leurs fonctions, parmi lesquelles : l’organisation d’un sit-in le 18 juin 2018 par les représentants de l’État des Régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti et la remise d’une déclaration conjointe à l’attention du Gouvernement ; l’appel lancé le 17 juin 2019 par les syndicats à tous les représentants de l’État de la Région à se replier sur les villes plus sécurisées, etc. Toute chose qui a amené le gouvernement à faire des promesses pour assurer la sécurité des représentants de l’État, notamment à l’occasion des élections législatives de mars et d’avril 2020, dont aucune n’a été concrétisée.
Pour se rendre à l’évidence des risques encourus par ces représentants de l’État, il y a lieu de rappeler l’enlèvement des préfets de Ténenkou, de Gourma Rharous (en otage), des sous-préfets de Hombori (Douentza), de Tilemsi (Goundam) et de Farako (Ségou, toujours en otage), etc. D’autres administrateurs ont été victimes de tentatives d’enlèvement : le sous-préfet Central de Douentza ; de menaces de mort : les préfets de Ménaka, d’Ansongo, de Goundam, le Premier adjoint au préfet de Bandiagara, les sous-préfets centraux de Koro et Bankass, les sous-préfets de Diankabou (Koro), Dioungani (Koro), Madougou (Koro), Baye (Bankass), Kanibonzon (Bankass), Ouo (Bandiagara), etc.
À la limite, d’autres ont été sacrifiés (atteinte à la vie et à leur intégrité physique et morale : le préfet d’Anderamboukane (blessé par balles), le sous-préfet de Dinangourou (tué par des engins explosifs improvisés), le sous-préfet de Ouinerden (assassiné à domicile), le sous-préfet de Dioura (blessé par balles), etc. Il y a eu aussi la destruction de locaux (domiciles et bureaux) : préfecture et domiciles du préfet de Kénieba et de son Premier adjoint, du domicile des sous-préfets de Kanibonzon et de Diankabou (à l’explosif), etc.