L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé un projet d’essai clinique international dans 70 pays en vue de trouver un traitement efficace contre la Covid-19. A peine annoncée, au Mali l’initiative suscite des réactions critiques et alimente des rumeurs qui font croire qu’il s’agirait d’un vaccin. Faux!
L’OMS va expérimenter un vaccin anti-coronavirus au Mali. Cette rumeur circule sur les réseaux sociaux, depuis quelques jours. À l’origine: une correspondance du ministère de la Santé et des Affaires sociales, datée du 8mai, adressée au directeur général du CVD-Mali. A travers le document qui a fuité dans la messagerie WhatsApp, le ministre de la Santé autorise que le Mali soit retenu «comme site de l’étude multicentrique international de l’OMS ‘’Solidarité’’: un essai clinique international.»
La nouvelle, annoncée quelques jours plus tard, par le secrétaire général du ministère de la Santé, Dr. Mama Coumaré, sur la radio Mali, relance la polémique sur d’éventuel test de vaccin anti-coronavirus en Afrique.
Contrairement aux rumeurs l’initiative d’essais cliniques dénommée ‘‘Solidarité’’ lancée par l’OMS ne concerne pas un vaccin. «(…) il ne s’agit ni de l’expérimentation d’un vaccin, ni de tests d’administration de nouveaux médicaments aux patients maliens atteints de Covid-19. Il s’agit plutôt du suivi de l’administration de médicaments retenus dans le schéma thérapeutiques en cours d’application dans nos structures de santé», précise le ministère de la Santé et des Affaires sociales dans un communiqué publié le 13 mai dernier.
Ce n’est pas une question de cobaye
«Ce n’est pas une question de cobaye. En France plus de 27 essais cliniques sont en cours, en Angleterre il y a une vingtaine d’essais, aux États-Unis d’Amérique n’en parlons pas. Au Mali nous avons combien? Zéro! Est ce que cela veut dire que les occidentaux sont des cobayes?», s’est interrogé le Pr. Seydou Doumbia, président du comité scientifique de la riposte Covid-19 au Mali.
Selon le doyen de la Faculté de médecine et d’Odonto-Stomatologie les essais cliniques sont indispensables pour tous les médicaments et répondent à des normes. «Tous les médicaments que nous connaissons et utilisons ont d’abord été soumis à des essais cliniques à la fois dans les pays où ils sont fabriqués et partout où ils utilisés pour dans les soins. Parce que les maladies souvent ne se manifestent pas de la même manière partout. C’est le cas du coronavirus», a-t-il expliqué.
Avant d’ajouter que l’essai «Solidarité» de l’OMS qui concerne 70 pays n’apporte pas de nouveaux médicaments mais fait une étude comparative sur l’efficacité des médicaments déjà utilisés. Et cela, conformément au protocole de traitement adopté par chaque pays.
Déficit de communication
«Si nous ne voulons pas qu’il n’ y ait de tests cliniques chez nous, nous devons refuser d’utiliser les médicaments produits ailleurs. Il est important de savoir que l’essai se fait avec des patients volontaires et avec un nombre restreint. On leur explique les avantages et les risques que cela peut comporter. Personnellement, je me suis déjà porté volontaire. Donc il n’y a pas lieu de polémiquer autour de ça.», détaille le médecin qui dirige aussi un Centre universitaire de recherche clinique. Selon lui, ce qui est important dans chaque essai clinique, c’est le respect des normes scientifiques requises et la législation nationale en la matière. Cependant, constate notre interlocuteur, au Mali, il y a un déficit de communication autour des essais cliniques. «Si nous ne faisons pas attention, les rumeurs et les mauvaises interprétations risquent d’exclure notre pays des projets de recherche», a-t-il prévenu.
Du côté de l’OMS Mali, son représentant au Mali, Jean-Pierre Baptiste, indique que pour l’instant aucun «produit pharmaceutique ne s’est encore révélé sûr et efficace pour le traitement de COVID-19. Cependant, explique-t-il, un certain nombre de médicaments ont été suggérés comme thérapies expérimentales potentielles, dont beaucoup sont actuellement ou seront bientôt étudiés dans des essais cliniques, y compris, l’essai SOLIDARITY, coparrainé par l’OMS et les pays participants.